itinéraire Perpignan, Lérida, Valence, Grenade, Gibraltar, Séville, Salamanque, Pampelune, Bayonne | Gibraltar - Avril/Mai 2014 |
en chiffres 16 jours3 179 km142 h 09 m22.4 km/h | |
résumé Perpignan au bord de la Méditerranée, Bayonne au bord de l'Atlantique : quel meilleur trait d'union que Gibraltar, à la rencontre de ces deux eaux, afin de relier les deux villes emblématiques des Pyrénées-Orientales et -Atlantiques. C'est certes une logique toute personnelle, mais c'est surtout là un excellent prétexte pour aller une nouvelle fois explorer l'Espagne, cette contrée aux paysages d'Ibères et variés. |
Une première journée dédiée à la traversée des Pyrénées avec le col de la Perche comme point de bascule et le passage de la frontière à Bourg-Madame. De là, longue descente afin de me rapprocher de Lérida avec un léger vent de face, mais qu'importe, je suis à présent sur mon terrain de jeu favori : l'aventure commence !
Le pic du Canigou, un mont qui a du chien ! | Dans la montée vers Mont-Louis | Four solaire et fortification Vauban à Mont-Louis |
Sur la route de Lérida | Paysage catalan |
Une vent de ¾ face toujours très présent, l'objectif du jour sera de se rapprocher de Castellote et de la partie montagneuse qui m'attend demain.
L'Èbre à Mequinenza | L'Èbre à proximité de Caspe | Avant Castellote |
Grosse journée en montagne aujourd'hui avec pas moins de cinq cols autour de 1500m d'altitude. Je profite de ma fraîcheur physique de ce début de randonnée pour les passer sans grande difficulté. Ce petit détour n'était initialement pas prévu, mais aucun regret : le village de Cantavieja et les paysages environnants sont sublimes.
À l'aube au barrage de Santolea | Dans la Sierra Carrascosa | Motifs à Mirambel |
Le village de Cantavieja au loin | Vue sur la vallée de la Palancia | Près de Segorbe |
Tout émoustillé par les senteurs des orangers qui recouvrent la région de Valence, je perds mon fidèle couvre-chef. Sans lui, pas question de faire le moindre kilomètre sous ce soleil écrasant. Encore une fois, c'est un commerçant chinois qui va me sauver la mise et m'évitera de succomber aux rayons d'Hélios.
Sortir de Valence est un cauchemar, pas moins d'une heure de perdue pour essayer de trouver son chemin à travers voies rapides, chemins agricoles et autres vergers. Je réussis malgré tout à m'en extirper et à m'orienter plein Sud vers Murcie.
Porte de Valence | Orangers à foison | Église à Ontinyent |
Camper en Espagne n'est pas tout le temps chose aisée. Même à la campagne, bon nombre de prés, champs ou bosquets sont des chasses gardées et sont systématiquement estampillées comme telles par le panneau idoine, en fonction de la communauté et langue locale : coto privado de caça, coto deportivo de caza, etc.
Cette nuit j'ai opté pour le vignoble, depuis lequel je comble les derniers kilomètres afin de rejoindre Murcie. Ici les senteurs s'orientent davantage vers le citronnier, et a contrario de ce fruit, je ne suis pas pressé : je poursuis donc ma route à un train de sénateur pour bientôt atteindre l'Andalousie.
L'aridité rôde dans les parages | Rio déjà ? | Crayons géants à Murcie |
Comme tous les matins, je remets mon compteur kilométrique à zéro. Aujourd'hui l'altimètre est également à son point bas. J'ai dormi en bord de mer et je vais devoir rallier le col de la Ragua situé à 2000m d'altitude, en pleine Sierra Nevada. Le thermomètre lui en revanche est loin de sa valeur nulle et c'est autour des 35°C qu'il culmine.
La traversée de la Sierra de Gádor est absolument magique et l'ascension vers la Ragua carrément démente, tout comme sa descente...
Après Tabernas | Dans la Sierra de Gádor | ¡ Caliente ! |
Dans la Sierra Nevada | Mulhacén droit devant ! | Le château de Calahorra dans la descente de la Ragua |
Après avoir campé sur le piémont Nord de la Sierra Nevada, je parcours le plateau environnant et la ville de Guadix. La région est truffée de grottes et d'anciens habitats troglodytes.
Passé le col de Los Blancares, j'entame une fantastique descente sur Grenade. L'Alhambra n'étant pas «vélo compatible» et le centre-ville débordant de touristes, je m'évade et reprends la route chaude et ensoleillée.
À la sortie du village de Ventas de Zafarraya, le sol se dérobe sous mes pneus : une descente longue de 11km s'ouvre à moi et me permet d'entrer dans la province de Malaga.
Guadix au lever du soleil | Village de La Peza | Grenade |
Le réservoir de Viñuela | Le Mulhacén s'éloigne progressivement |
En passant le col du León au petit matin, j'entame une descente sur Malaga et le bord de mer. Bord de mer que je vais m'efforcer de fuir en passant par Coín. Ensuite par la force des choses, la route côtière s'imposera à moi, de Marbella à Gibraltar, où Éole sera particulièrement généreux et me propulsera à plus de 30km/h le long de la Costa del Sol.
Depuis les hauteurs de Malaga | Le village d'Ojén | Gibraltar en vue ! |
Un rocher anglophone en terre andalouse | Chute d'eau à Gibraltar | Road signs overdose |
Extrait du journal du campeur maudit, version augmentée : «Outre les emplacements privatisés, l'Espagne est peuplée de chiens de garde. Il y en a partout, même là où l'on ne s'y attend pas. Par exemple en plein parc naturel des Alcornocales. Heureusement ces canidés là sont du modèle qui s'éteint la nuit...».
Séville en soirée, j'y passe plus d'une heure et pourrait y rester bien davantage : la ville est superbe.
Dans le parc des Alcornocales | Église à Utrera | Musée militaire à Séville |
Alcázar de Séville | Cathédrale Notre-Dame du Siège de Séville |
110km : c'est la distance qui me sépare de Cordoue. 110km de plat, de monotonie et d'ennui mortel à l'horizon. Heureusement Cordoue relèvera le faible niveau de la journée. La sortie de cette dernière également : une dizaine de kilomètres de montée bien brutale encadrée par des automobilistes qui tournent au sans plomb, le tout sous une soleil qui lui est de plomb.
Château d'Almodévar | Détails de la mosquée-cathédrale de Cordoue | Mosquée-cathédrale de Cordoue |
Une solution pour garder les fesses au frais | Sierra de los Puntales |
Un peu de relief aujourd'hui avec le village perché de Guadalupe et son splendide monastère.
Grosse descente avant Navalmoral où j'explose mon record de vitesse à plus de 85km/h !
Réservoir de la Serena | Réservoir de García de Sola | Alsaciennes en vacances |
Monastère royal de Santa María de Guadalupe | Guadalupe vue d'en haut |
Encore 50km de plat insipide pour atteindre Plasencia, mais ce petit détour vaut bien le coup : je m'apprête à passer dans le massif de Francia (oui de France !) et surtout succomber aux charmes du col du Portillo (1240m).
Parc naturel Las Hurdes | Dans la montée du Portillo | Lacet fleuri du Portillo |
Dans le village de La Alberca |
Une journée de plat complet heureusement accompagnée par un vent de dos. Les deux grandes villes de l'étape agrémentent à peine le parcours : Salamanque, sympathique petite ville étudiante, et Valladolid, hélas sans grand intérêt.
La fin de journée est bien plus bucolique : je remonte le cours de l'Esgueva, enserrée par de petits monts coiffés de blanc aux flancs tachetés du vert des blés et de fleurs violacées.
Nouvelle cathédrale de Salamanque | El País du 8 Mai 2014 | Morne est la plaine de Castille-et-León |
Académie de cavalerie de Valladolid | Dans la vallée de l'Esgueva |
Certains jours je troquerais volontiers mon vélo pour un pédalo. L'engin m'aurait en tout cas été bien utile pour naviguer à travers ces océans de blé. Qu'importe, j'évite malgré tout la noyade et rejoins Lerma qui sera mon point d'entrée pour le massif de la Demanda.
Montée facile et soutenue par un vent favorable. La descente est une autre paire de manches : bitume en sale état, présence successive de moutons, vaches et chevaux sur la chaussée et vent de face ! Bref je prends mon temps pour rejoindre Nájera.
Bleu, blanc, vert | Ils peuvent toujours attendre sur ma carcasse... | Les ruines du monastère San Pedro de Arlanza |
En remontant l'Arlanza | Courses hippiques ! | Le lac de barrage de Mansilla |
À de nombreuses reprises au cours de ce périple on m'a demandé si je faisais le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Aujourd'hui je croiserai un nombre considérable de pèlerins sur la route qui me mène à Pampelune. ¡ Buen camino ! me souhaitent-ils en chœur.
De Pampelune, je rallie la frontière en passant par le col d'Urquiaga et atterris dans la vallée des Aldudes. Ici on y fait fumer le jambon et la truite. Moi c'est plutôt les patins des freins, tant la descente est violente.
À peine de retour en France, l'Espagne me manque déjà : à Saint-Étienne-de-Baïgorry je bifurque à gauche et passe le col d'Izpegui pour retomber en territoire ibère.
Lever de soleil à Navarrete | Pont sur l'Arga à Puente la Reina | En approchant Pampelune |
Parc à Pampelune | Plaza del Castillo à Pampelune | C'est juste un rappel : les cyclistes ne sont pas des gogos ! |
Va pour le Muga, même si le 1er Mai est passé... | Vallée des Aldudes | Divines projections sur la terre basque |
Qu'est-ce donc que cette matière humide qui tombe du ciel ? Après 15 jours de grand soleil et de sec, je redécouvre la pluie. Instinctivement j'enfile ma combinaison de marin-pêcheur. Hélas sans avoir le temps de la baptiser, le ciel se dégage et la route vers la frontière s'éclaircit.
Un dernier col avant de cette fois vraiment revenir en France, puis Espelette, Cambo et enfin Bayonne par la route impériale des cimes.
Espelette | Cloître de Bayonne | La fin de la route |
Une fois encore l'Espagne ne m'a pas déçu et c'est sous des conditions atmosphériques des plus clémentes que j'ai pu apprécier tous ses charmes. Le printemps semble être la saison la plus propice pour ce faire, sur le plan du mercure tout du moins. Les routes ibères sont par ailleurs pavées du meilleur asphalte et leurs usagers à quatre roues et plus sont parmi les plus courtois d'Europe. Autant de raisons qui devraient pousser les touristes à sortir des sentiers battus habituels : l'Espagne ne se limite pas à sa côte méditerranéenne, c'est à l'intérieur des terres que son cœur bat.
Les canidés noctambules bavards.
Séville et Cordoue à ne surtout pas louper !
La Sierra Nevada, les Alcornocales, la Demanda et tant d'autres parcs naturels...