itinéraire Bâle, Martigny, Aoste, Bourg-Saint-Maurice, Briançon, Castellane, Avignon | ![]() Folie alpestre - Juin/Juillet 2013 |
en chiffres 7 jours1 102 km59 h 05 m18.7 km/h | |
résumé À rebours complet de ma précédente sortie nordique, je souhaitais à présent m'attaquer aux très vallonnés reliefs du Sud que l'on nomme les Alpes. Aller respirer le bon air pur d'altitude, voir si les marmottes s'affairent déjà à la confection chocolatière ou si la neige en été fond vraiment comme neige au soleil, autant de bonnes raisons d'effectuer cette courte mais déraisonnable traversée alpine. |
Une étape de quasi-plaine où malgré mes connaissances du terrain hélvète et de menus travaux routiers, je réussirai à faire un joli détour de plus de 30km : quand on aime, on ne compte pas... À l'approche du lac Léman, le paysage préfigure déjà une semaine qui risque d'être riche en décors grandioses : le bleu du lac rivalise avec celui du ciel, entre lesquels jaillissent d'immenses géants verts arborant des couvre-chefs maculés de blanc : spectacle assuré pour les mirettes.
![]() Cathédrale Saint-Ours et Saint-Victor de Solothurn | ![]() Vignobles sur les bords du lac Léman | ![]() Palace de Montreux |
Martigny marque le début de ma première ascension de col : celle du Grand-Saint-Bernard. En matinée le temps reste frais, le ciel clair et la montée se passe relativement bien. Arrivé à quelques kilomètres du sommet, la route se sépare en deux options : tunnel ou col. L'option tunnel interdite aux vélos, est sans doute sombre, morne et plate. Celle du col est violente : c'est en fait là que les vrais pourcentages se cachent !
Après quelques gros coups de cravache, je rejoins enfin le sommet. Le petit lac d'altitude situé en contrebas est encore gelé : nous sommes à 2469m d'altitude... Le passage du Grand-Saint-Bernard m'amène en Italie, son petit frère me permettra de rejoindre la France.
Au regard du temps de soleil restant, je m'engage donc dans la vallée d'Aoste en direction de Pré-Saint-Didier où débute la véritable ascension vers le Petit-Saint-Bernard. En chemin je ne peux pas m'empêcher d'admirer le géant des Alpes que l'on appelle ici Monte Bianco.
![]() Dans l'ascension vers le Grand-Saint-Bernard | ![]() Rudes sont les dernières pentes du Grand-Saint-Bernard | ![]() Un peu de patin à glace avant de descendre sur Aoste ? |
![]() Mairie d'Aoste | ![]() Vallée d'Aoste | ![]() Mont-Blanc droit devant ! |
Pour contourner les ennuis, j'ai évité de camper dans le petit village de la Thuile la veille... Du coup je me retrouve à finaliser de bon matin mon passage en Gaule. Bourg-Saint-Maurice est mon point de ravitaillement, mais les senteurs des pins au cœur de la descente en lacets depuis La Rosière comblent déjà mon appétit.
L'estomac guilleret, je m'oriente vers le Sud-Est afin de rejoindre Val d'Isère et de poursuivre l'ascension du plus haut col des Alpes avec ses 2770m : l'Iseran. Énormément de deux roues viennent affronter ce défi de la nature, aidés d'un moteur ou non. Pour ces derniers, la difficulté est là, mais plutôt bien étagée.
Bonneval marque mon entrée en Haute-Maurienne, au sein de la Vanoise : là encore, démente descente, puis plus douce pour rallier Modane et me placer au pied du col du Télégraphe.
La rencontre du jour : une équipée de fous furieux allemands qui arpentent les cols à coup de pédale et les jours de pause, escaladent et randonnent à travers les massifs à coup de semelle ; leur doyen a 70 ans : le sport conserve visiblement !
![]() Penser à prendre les chaînes la prochaine fois... | ![]() Dans la descente vers Bourg-Saint-Maurice | ![]() Insectes laitiers |
![]() Lac du Chevril à Tignes | ![]() Vue sur Val d'Isère | ![]() L'Iseran : 2770 mètres |
![]() Dans la descente vers Bonneval | ![]() Redoute Marie-Thérèse à Avrieux |
Indubitablement le jour le plus éprouvant sur le plan physique et intellectuel. Physiquement tout d'abord : montée du col du Télégraphe avec courte descente sur Valloire pour s'attaquer au terrible Galibier. Passé Plan Lachat, les pourcentages commencent à être sérieux, arrivé à 1km du sommet, ça tape dure ; tout ceci associé à une légère bruine et des températures proches de zéro. Rencontre au sommet avec des Allemands d'Offenburg, le monde est bien petit...
Le Galibier passé, c'est au tour du col du Lautaret puis une très longue descente vers Briançon pour reprendre mon envol vers l'Izoard. Ce col marque un changement très net avec ses prédécesseurs : la végétation y est beaucoup plus rare, le sol brut est jonché de pierres, l'environnement très sablonneux : un décor quasi-lunaire.
Mais passés tous ces désagréments physiques, je me rends compte que je n'ai jamais autant parlé de langues étrangères dans mon propre pays ! Une grosse cuillerée de langue de Goethe avec les amis teutons du Galibier, un soupçon de Shakespeare avec des Anglais de l'Izoard et enfin la journée s'achève avec Hélder un sévillan, avec qui je décrasse mes restes de castillan.
![]() Le Dauphiné Libéré du 3 Juillet 2013 | ![]() Montée vers le Galibier | ![]() Galibier dans la brume |
![]() Paysage de l'Izoard | ![]() Fort Queyras à Château-Ville-Vieille | ![]() Le Guil rejoignant Guillestre |
J'ai beau avoir appris très tôt à les faire, j'ai toujours du mal avec les lacets. Et ceux au démarrage de Guillestre sont particulièrement retors et indigestes, surtout après le petit-déjeuner. Qu'importe, je passe le col de Vars et descends vers Jausiers pour y entamer mon dernier grand col : la Bonette.
À Jausiers je croise un Suisse, qui après menus réglages mécaniques, me propose de monter ensemble le col. Très peu pour moi, c'est l'heure de la soupe, et il est hors de question de s'attaquer au petit Suisse avant le plat de résistance ! Je le laisse donc partir en solo.
La montée vers la Bonette permet de se rendre compte de la diversité des paysages traversés en fonction de l'altitude : des prairies de la vallée aux roches enneigées, en passant par les alpages verdoyants et les torrents d'eau claire. C'est justement en faisant trempette dans un torrent que je retrouve mon svelte helvète. Cette fois je n'y couperai pas, je vais devoir l'accompagner. Sur un ton très rassurant il m'indique avoir des anomalies cardiaques après une certaine durée d'effort : il a une soixantaine bien tassée et je me dis que la prochaine fois je ramènerai un défibrillateur, juste au cas où je rencontre à nouveau un Suisse-cidaire.
![]() Guillestre au petit matin | ![]() Modèle sans papier alu | ![]() Dans le col de Vars |
![]() Atterrissage dans la vallée de l'Ubaye | ![]() 23 très longs kilomètres... | ![]() En route vers la Bonette |
![]() 9.2% : presque aussi étourdissant que l'alcool ! | ![]() Bonette en vue | ![]() Les derniers hectomètres vers la cime sont très violents |
![]() Panorama sur le massif du Mercantour |
Une journée allégée en col, mais néanmoins exigeante, avec un soleil qui s'est par ailleurs renforcé. J'ai beau me dissimuler au sein des gorges, les rayons d'Hélios me brûlent le cuir.
![]() Village perché de Roubion | ![]() Paysage du Haut-Cians | ![]() Massifs dans la descente de Valberg |
![]() Les gorges de Daluis | ![]() Lac artificiel de Castillon | ![]() Glissement de roches |
![]() Balcons de la Mescla | ![]() Pont de la Mescla sur l'Artuby |
Une dernière matinée magique à traverser les gorges du Verdon et redescendre vers le plancher des vaches vers Moustiers-Sainte-Marie. Le reste de la journée ne sera que souffrance au soleil afin de rejoindre la gare d'Avignon.
![]() Gorges du Verdon au lever du jour | ![]() À la sortie des gorges sur le lac de Sainte-Croix |
Du bon, rien que du bon. L'impression persistante d'évoluer dans un décor de carte postale pendant une semaine. Avec une douzaine de cols franchis, dont huit à plus de 2000m d'altitude (près de 20km de dénivelé positif cumulé !) : l'addition est salée mais en vaut très largement la peine.
Les chaleurs torrides du Var, où la sieste ombragée est préconisée de 10h à 16h...
Côté cols : ma préférence va pour l'Iseran pour son accessibilité et l'Izoard pour son paysage atypique.
Côté gorges : celles du Verdon par la route Sud et de Daluis : à voir absolument !