itinéraire Dubaï, Abou Dabi, Al Ain, Nizwa, Mascate, Fujairah, Sharjah | ![]() É.A.U. & Oman - Novembre 2015 |
en chiffres 13 jours1 854 km80 h 52 m22.9 km/h | |
résumé Dans un monde arabe actuel très chahuté, rares sont les pays où l'on peut poser ses roues sans risquer sa vie. Avec le ferme espoir de faire la course avec les dromadaires et avoir du sable plein les chaussures, c'est sur les Émirats Arabes Unis et le Sultanat d'Oman que j'ai jeté mon dévolu, pour une première randonnée extra-européenne, au pays de l'or noir. |
Il est 5h30 du matin, l'avion vient de se poser sur le tarmac de l'aéroport de Dubaï : il fait déjà 25°C. Le mois de Novembre ne connaît dans la région que de rares journées de pluie, je suis verni, il va pleuvoir ce premier jour ; mais ce seront les dernières gouttes que je verrai avant la fin du voyage.
Je quitte prestement Dubaï que j'aurai l'occasion de visiter ultérieurement et file le long de la côte en direction d'Abou Dabi. Très vite je me rends compte que le réseau routier est entièrement conçu pour les voitures. Les autoroutes semblent avoir été construites en priorité, puis les voies express. Le réseau secondaire est très peu développé, à l'exception des pistes ensablées. Les routes sont également très encadrées : les abords sont souvent grillagés et un terre-plein central infranchissable en voiture sépare les voies. Il faut donc la plupart du temps parcourir plusieurs kilomètres avant de pouvoir faire demi-tour.
![]() Burj Al Arab | ![]() Tour Cayan dans le quartier Jumeirah | ![]() Un coin désert... |
Je rejoins aujourd'hui la capitale fédérale des Émirats : Abou Dabi. Si l'on fait abstraction des mosquées et des indications en langue arabe, on se croirait à s'y méprendre dans une grande ville occidentale. Là encore très peu de place pour les vélos : je fuis vers l'Est en direction d'Al Ain.
Pour rejoindre cette ville, deux routes possibles : une autoroute très fréquentée et une route réservée aux camions. Celle-ci me paraît plus engageante, d'autant qu'elle est munie d'une large bande d'arrêt d'urgence, qui fera office de piste cyclable.
J'arrive également tout doucement à saturation de mon régime à base de tartines de beurre de cacahuètes. Il m'a en effet été interdit d'embarquer dans l'avion avec un pot de beurre de cacahuètes. En revanche, il était parfaitement envisageable de l'étaler sur du pain, que je m'empresse donc de terminer depuis deux jours. On ne se rend pas compte du nombre d'attentats qui ont été fomentés à base de beurre de cacahuètes.
![]() Mosquée Cheikh Zayed | ![]() Artère à Abou Dabi | ![]() Lagon à Abou Dabi |
![]() Radiateur au maximum | ![]() Le marchand de sable est passé... |
El Ain sera la dernière grande ville avant Oman. Elle me laisse sur ma faim, j'y achète quelques rials omanais et file vers la frontière. À celle-ci se trouve un douanier taciturne qui facture la sortie du territoire à hauteur de 36 dirhams (environ 10€), et qui n'hésite pas par ailleurs à demander à haute voix le code de la carte bleue !
Les douaniers omanais, bien plus aimables, règlent l'affaire en moins d'un quart d'heure et me laisse repartir vers le Sud, propulsé par un vent féroce.
![]() 1 bosse = dromadaire | ![]() Mosquée d'Al Ghadeer | ![]() Premier coucher de soleil omanais |
Première journée complète au Sultanat : le sable des zones désertiques est bien plus sombre que l'ocre jaune des voisins émiratis. De moyennes montagnes pointent leur nez à l'horizon, les températures flirtent avec les 35°C. Je pensais que l'eau serait une ressource rare dans la région, mais toutes les mosquées sont équipées d'un distributeur d'eau filtrée et fraîche. Et dans la mesure où sur ces terres musulmanes, celles-ci font partie intégrante du décor, la perspective d'une déshydratation est relativement faible.
![]() Déjeuner équilibré | ![]() Fort d'As Salaif | ![]() Panneau bilingue |
![]() Dunes et montagnes | ![]() Fort de Jibreen |
Poursuite de la route vers Sour, située à l'Est du front de mer. Je commence à me demander si je suis du bon côté de l'océan, au regard du nombre d'indiens et de bengalais que je rencontre. Ils occupent pour la plupart des emplois de commerçants et d'ouvriers des BTP.
![]() Mosquée de Nizwa | ![]() Demeure omanaise | ![]() Sur la route d'Izki à Sinaw |
![]() 4 dromadaires et 1 chameau |
Dernier jour à l'intérieur des terres, le vent se rebiffe et ma moyenne horaire s'effondre. J'oblique vers la côte en fin de journée pour bientôt atteindre Sour.
![]() Oasis à Al Waseel | ![]() Porte à Al Waseel | ![]() Fin de journée dans la région d'Ach-Charqiya |
Après une visite de la modeste ville de Sour, j'entame une remontée du littoral en direction de Mascate, la capitale. En fin de journée j'arrive à Quriyat. J'y fais étape pour me ravitailler en pain dans une épicerie, où je fais la connaissance d'Ahmad, le patron. Ne vendant que des fruits et légumes, il envoie son assistant chercher du pain à la boulangerie du coin et m'offre pomme et grenade en attendant. Il me proposera même de venir manger et passer la nuit chez lui, mais son magasin ne fermant pas avant cinq bonnes heures, je préfère m'éclipser.
![]() Wadi Musawi | ![]() Entrée du port de Sour | ![]() Qalhat |
![]() Pavillons balnéaires | ![]() Wadi Shab | ![]() Côte omanaise |
Muscate à la mi-journée : la ville est immense, et la bourgade de Mutrah située à son extrémité orientale vaut clairement le détour. J'y effleure le souk, dense et étroit, bondé de bricoles étincelantes et tape-à-l'oeil : un vrai nid à touriste.
![]() Yacht et Dhow | ![]() Mutrah | ![]() Grande Mosquée du Sultan Qabus |
La route côtière devient monotone : aux villages de pêcheurs se succèdent une ribambelle de villes sans intérêt. À Al Kabourah, je rencontre l'Imam d'une mosquée où j'étais venu me rafraîchir. Il m'invite à prendre le thé et déguster des dattes locales. On échange quelques mots dans un anglais-arabe bredouillant, puis me remerciera d'être passé en m'offrant des canettes de soda !
La densité des mosquées cause parfois quelques troubles auditifs. Dans le rite musulman, l'appel à la prière est réalisé 5 fois par jour par le muezzin. La plupart du temps, c'est un message enregistré qui est diffusé à une heure bien précise. Dans les zones urbaines, il n'est donc pas rare d'avoir ces messages légèrement décalés, engendrant une cacophonie monstre et rendant l'appel parfaitement inintelligible.
![]() Château de Barka | ![]() Tailleurs à Al Suwayq | ![]() Attention : filles aux longs cheveux accompagnées de nain |
Les Omanais vouent un culte quelque peu étrange à leur souverain : du simple drapeau sur la maison, à l'affiche du sultan grand format sur les murs d'enceinte, jusqu'à la voiture complètement maquillée à l'effigie du Grand Qabus. Il est vrai qu'il y a trois jours, celui-ci célébrait les 45 ans de son accession au pouvoir (après avoir renversé son propre père !), mais voir sa tête, sponsor de plusieurs marques nationales, à presque tous les coins de rue est pour le moins déconcertant.
![]() Voiture à l'effigie du Sultan | ![]() Mosquée d'Al Kabourah | ![]() Porte dorée |
![]() Villa omanaise | ![]() Porte de Shinas |
Dernier jour au Sultanat : histoire de varier les plaisirs, je quitte le littoral et rejoins Hatta aux Émirats. Les douaniers émiratis tiennent absolument à passer mes sacoches aux rayons X. Je les démonte puis remonte, et pour me remercier de ces efforts, ils m'offrent quelques rafraîchissements bienvenus.
Malgré la chaleur renforcée à l'écart de l'océan, ce passage en montagne (certes modeste : moins de 500m d'altitude) est plutôt agréable. Je redescends au niveau de la mer à Kalba, où au détour d'une pause on m'offrira une petite collation : Karak (thé d'origine indienne) et Balaleet (vermicelles sucrées).
![]() Village de Suhailah | ![]() Cadeaux des douaniers | ![]() Maisons à Al Wa'ab |
![]() Descente sur Kalba | ![]() Fort de Kalba | ![]() Balaleet et Karak |
Le littoral émirati côté océan Indien arrive bientôt à son terme, je retourne à l'intérieur des terres à Dibba afin de gagner Ras Al-Kaimah située sur le golfe Persique.
![]() Immeuble à Fujairah | ![]() Anse de Dibba | ![]() À proximité de Saraom |
Dernier jour de route pour boucler la boucle aidé par un gros vent de Nord. Je retrouve Dubaï, ville à la circulation saturée, aux immenses buildings en construction, à l'aéroport en ébullition permanente : un vacarme infernal, loin de la quiétude du désert, pourtant si proche.
![]() Complexe hôtelier à Ras Al-Kaimah | ![]() Anse sur la côte du golfe Persique | ![]() Mosquée à Ajman |
![]() Souk central de Sharjah | ![]() Skyline de Sharjah | ![]() Burj Khalifa (828m) |
![]() Plan d'eau au pied de la tour Khalifa | ![]() Échangeur dans le quartier des affaires |
Les Émirats Arabes Unis est un pays qui accumule contrastes et paradoxes. Que ce soit les grandes métropoles aux buildings flambant neufs et fourmillant de SUV, face aux immensités désertiques où le dromadaire est roi. Ou encore le mélange des cultures occidentales débridées du tourisme de luxe, face au conservatisme du mode de vie oriental. Ou pire, sur les inégalités sociales qui sautent aux yeux dans la rue, là où les locaux, souvent très aisés, côtoient les innombrables ouvriers peu qualifiés venus d'Inde ou du Bangladesh, réduits à un quasi-esclavagisme pour certains dont le passeport est confisqué à leur arrivée et parqués dans des camps la nuit venue.
Le Sultanat d'Oman recèle ces mêmes travers, à un degré moindre cependant. Il reste plaisant à parcourir, même si le culte voué au sultan est pour le moins curieux, et ses chaleurs, même en hiver, demeurent assommantes.
Un climat social qui met mal à l'aise aux Émirats.
Grosses chaleurs en perspective, même si les points d'eau sont nombreux et la côte plus ventilée.
Des paysages désertiques captivants ; Mutrah est la ville à visiter.