itinéraire Vienne, Belgrade, Pristina, Skopje, Thessalonique, Podgorica, Sarajevo, Rijeka, Udine, Innsbruck | ![]() Aventures balkaniques - Avril/Mai 2015 |
en chiffres 15 jours3 072 km135 h 26 m22.7 km/h | |
résumé La région des Balkans est sans doute une des rares au monde où la concentration de peuples, cultures et langues différentes est aussi dense. En l'espace de quelques centaines de kilomètres, je vais donc m'employer à découvrir cette diversité, par ailleurs localisée sur un territoire au relief relativement accidenté : une randonnée qui fleure bon l'aventure linguistique et le défi physique. |
Le train de nuit qui m'amène à Vienne m'a laissé sur le quai avec quelques heures de sommeil à récupérer. Il continuera en direction de Budapest, moi j'oblique à travers la Hongrie histoire de s'échauffer et de ne pas rentrer trop vite dans le vif du sujet.
Les abords du lac de Neusiedl sont balayés par une légère brise et un soleil étincelant qui m'amèneront en territoire hongrois et me permettront de m'approcher du lac Balaton à la nuit tombée.
![]() La première frontière d'une longue série | ![]() Palais Esterházy à Fertőd | ![]() Coopérative de Pápa |
L'étape du jour risque d'être un poil ennuyeuse : l'objectif est de rejoindre le Nord de la Serbie, et pour ce faire, traverser toute la plaine (plate !) située au Sud du lac Balaton. Heureusement pour tromper l'ennui, ma pédale droite me joue des tours et lâche : le roulement est cassé. On est dimanche en pleine campagne, la prochaine grande ville à plus de 40km et je parle très mal le hongrois. La providence fera pourtant bien les choses : 10km plus loin, je trouve un particulier qui organise une vente de vélos ! Il me dégote la clé et la pédale adéquate qui me permettra de poursuivre la route.
![]() La pédale salvatrice | ![]() Fermes hongroises | ![]() Rez-de-chaussée en cours de construction |
![]() Plan d'eau à Kiskunhalas | ![]() Hôtel de ville de Subotica |
Sur le plan du relief, la Serbie peut être aisément découpée en deux entités : au Nord une vaste plaine et au Sud collines et moyenne montagne. Belgrade est un peu le trait d'union entre ces deux régions et il va de soi qu'il me tarde de rejoindre la capitale. En plus d'être linéaires et plates, les routes du Nord ont le bon goût d'être dans un sale état. Mais passé Belgrade, je prends un peu d'altitude et une grosse gorgée de vert qui m'aideront à oublier ces menues contrariétés.
![]() Place de la Liberté à Novi Sad | ![]() La forteresse de Petrovaradin au bord du Danube | ![]() Assemblée nationale de Serbie |
![]() Cathédrale Saint-Sava à Belgrade | ![]() Campagne serbe |
Dernier jour en Serbie, je remonte gentiment l'Ibar qui m'emmène jusqu'aux portes du Kosovo. Une longue file de camions attend à la douane, pour les particuliers c'est un peu plus fluide. Un tampon kosovar plus tard, je poursuis ma remontée de l'Ibar. De ce côté de la frontière, les berges de la rivière sont souillées d'immondices : dommage car le paysage qu'elle parcourt est tout à fait charmant.
![]() Cathédrale Saint-Sava de Kragujevac | ![]() Remontée de l'Ibar | ![]() Hommage à la déesse Voiture |
Une journée absolument folle sur le plan anémométrique : un énorme vent de Nord va me pousser à travers le Kosovo et me faire atterrir en Macédoine à toute allure. Sa capitale, Skopje, regorge de monuments fastueux, un vrai régal à visiter, malgré les travaux qui inondent la ville. Le reste du pays est tout aussi plaisant à découvrir.
Il est d'autant plus agréable quand on fait des rencontres inopinées, comme celle d'Ivan, un Serbe qui revient d'un voyage à vélo au Kazakhstan. Après m'avoir dépassé en voiture, il m'attend au bord de la route et me tend un sachet : «This is for you !». Sandwiches, biscuits et banane : un peu pris de court, j'ai tout juste le temps de le remercier avant de le voir repartir.
![]() Mitrovica | ![]() Priština | ![]() Coulée verte dans le Sud du Kosovo |
![]() Musée d'archéologie à Skopje | ![]() Église à Katlanovo | ![]() Arrivée à Veles |
L'influence du climat méditerranéen commence à se faire sentir : l'air devient plus chaud, la végétation change et les gens sont plus décontractés, comme ce douanier grec qui me propose à boire à peine arrivé à la frontière. Je lui aurai bien demandé un peu d'Ouzo, mais il l'aurait sans doute mal pris.
Les quelques encablures qui me séparent de la mer sont vite comblées. Mais une fois arrivé, la ville de Thessalonique, bruyante, étouffante et saturée de voitures me pousse à mettre le cap vers le soleil couchant.
![]() En route pour la «Grcija» | ![]() Le lac Doïran sépare Macédoine et Grèce | ![]() Ta Nea du 30 Avril 2015 |
Le 1er Mai est également un jour férié en Grèce, j'ai donc pris soin de faire mes provisions la veille. Cela m'a permis de constater que le coût de la vie est relativement élevé sur le territoire hellénique. Sur ce plan, je vais franchir un cap en arrivant en Albanie...
Tout juste la frontière franchie, une première chose me frappe : le nombre considérable de Mercedes sur les routes ! Très souvent le même modèle, type berline, plutôt des années 80-90, même si les modèles plus récents sont également présents : de véritables inconditionnels de la marque allemande !
![]() Lac Vegoritida | ![]() 12% + 30°C = -1L d'eau | ![]() Vue sur la région de Flόrina |
![]() En quittant la Grèce pour l'Albanie | ![]() Campagne albanaise |
Le lac Ohrid marque la séparation de l'Albanie et de la Macédoine : je vais brièvement quitter cette première pour rejoindre la seconde, et enfin revenir sur cette première. Bref, pas mal de passage en douane en perspective...
En terme de niveau de vie, celui relativement bas de la Macédoine me permettra de refaire mon stock de loukoums à moindre frais, de quoi se redonner des forces afin d'affronter les collines albanaises.
![]() Descente sur le lac Ohrid à l'aube | ![]() Mosquée de Struga | ![]() le Drin noir ne l'est pas vraiment |
![]() Carburant sans plomb, avec sucre | ![]() Montagnes albanaises | ![]() Dans les gorges de la rivière Mat |
L'Albanie côté campagne, c'est souvent des paysages à couper le souffle avec un revers de la médaille concernant l'état des routes, qui peut être par endroit désastreux. Surtout lorsqu'on se retrouve à 60 à l'heure dans des descentes avec des nids de poule impromptus ou un bitume volatilisé !
L'Albanie côté ville, en tout cas pour la grande agglomération du Nord qu'est Shkodër, c'est un vaste capharnaüm : des gens qui marchent sur la chaussée, des cyclistes qui roulent dans tous les sens, des camions et voitures qui virevoltent gracieusement au milieu de tout ça. Même s'il paraît que la capitale vaut le coup d'œil, je suis bien content de m'être cantonné essentiellement à la partie champêtre du pays : les centres urbains sont infernaux.
![]() Château de Shkodër | ![]() Mosquée à Shkodër | ![]() Lac séparant Albanie et Monténégro |
![]() Entre Podgorica et Nikšić | ![]() Ascension monténégrine |
L'étape de la veille s'est terminée en altitude, à escalader le relief du Monténégro. Du coup la matinée est dédiée à une longue glissade sur les bords de la rivière Piva afin de rejoindre la frontière bosniaque. Dès celle-ci franchie, 5km de piste défoncée m'attendent. Il faudra patienter jusqu'à la mi-journée pour le véritable cadeau de bienvenue, avec l'arrivée du vent de dos qui me poussera jusqu'à Sarajevo et au-delà vers les villes du Nord-Ouest.
![]() Gorges de la Piva | ![]() La rivière Piva | ![]() Trafic dense, risque de bouchons bovins |
![]() Building à Sarajevo | ![]() Musée d'Art Moderne à Sarajevo |
Il m'est venu une idée saugrenue durant la nuit : j'avais repéré une petite route de campagne qui me permettrait d'économiser 30km aux côtés des camions avec en échange un petit effort à faire en altitude. Très confiant dans la précision de ma carte Michelin, je me lance donc dans la jolie campagne bosniaque.
Or très rapidement le bitume se fissure, se morcelle, pour finir par se transformer en pentes impossibles remplies de gravier ! Je vérifie 10 fois l'itinéraire sur le GPS de l'appareil photo : c'est le bon chemin ! Une route qui empire et devient carrément un sentier forestier, caillouteux et qui descend aussi sèchement qu'à la montée, un vrai cauchemar. J'ai bien cru qu'un axe de roue allait lâcher dans l'épisode, mais visiblement j'avais déjà atteint mon quota de casse avec le coup de la pédale...
Après cette mésaventure forestière, je retrouve l'asphalte ferme que je ne lâcherai plus jusqu'à Bihać, aux confins de la frontière Nord du pays.
![]() Campagne bosniaque avant Jajce | ![]() Église Saint-Sava de Mrkonjić Grad | ![]() Coucher de soleil à proximité de la frontière croate |
Histoire de me reposer un peu du parcours vallonné, je compte rejoindre la côte croate aujourd'hui et en fin de journée Rijeka. Le col du Vratnik (700m) sera la dernière grosse bosse à franchir pour ce faire. Cependant la partie côtière est loin d'être une sinécure : elle reste accidentée, mais accompagnée par un vent favorable et baignée dans un paysage splendide. J'atteins donc Rijeka plus vite que prévu et en profite pour passer la frontière slovène en fin de journée.
![]() L'île de Krk depuis le col du Vratnik | ![]() Côte croate | ![]() Anse sur la côte croate |
![]() Ville portuaire de Bakar | ![]() Église de l'Assomption à Rijeka |
Toujours alimenté par un vent favorable, je m'approche du piémont des Alpes carniques en passant par la charmante ville d'Udine.
Le modeste col Monte Croce Carnico (1357m) est rejoint sans entrave ; en revanche sa descente m'a rappelé celle de la Croix de Fer : route tout aussi défoncée et dangereuse.
Encore une dernière bosse avant d'aller planter la tente dans la vallée de la Drau près de Lienz.
![]() Campagne slovène à l'aube | ![]() Manzano : capitale de la chaise ! | ![]() Piazza Libertà à Udine |
![]() Le fleuve Tagliamento | ![]() Au lac de Cavazzo | ![]() Lacets stratifiés du col Monte Croce Carnico |
Une grosse journée en montagne aujourd'hui, avec notamment la cerise sur le gâteau de cette randonnée : la route du Grossglockner et le point culminant des routes autrichiennes situé à 2505m. Comme pour le Galibier en partant de Saint-Michel-de-Maurienne, afin d'accéder à ce col, il faut d'abord en passer un autre : celui de l'Iselsberg en l'occurrence (1204m). Là encore tout comme son cousin français, les difficultés se situent un peu plus loin dans la vallée, dès la sortie d'Heiligenblut, la route s'élève sans quasiment jamais donner la possibilité de souffler.
Les derniers kilomètres sont bordés par de solides hauteurs de neige, le col a été ouvert il y a quelques jours à peine. Une fois passé, la descente est courte car un autre col pointe son nez : le Fuschtörl (2428m). Ensuite arrive la vraie descente : un bonheur long de 30km.
Nullement échaudé par la rude montée du Grossglockner, je franchis l'ultime col de Gerlos avant la tombée de la nuit.
![]() Forte pente après Heiligenblut | ![]() Derniers virages avant le sommet | ![]() L'atmosphère est fraîche ! |
![]() In te Domine speravi | ![]() Montagnes depuis la Fuschtörl | ![]() Une descente prometteuse |
Une nuit et matinée humides, signe qu'il est temps de mettre un point final à cette randonnée et de prendre le train à Innsbruck pour retrouver un sol français plus sec !
![]() Façade à Innsbruck | ![]() Goldenes Dachl | ![]() Arc de triomphe à Innsbruck |
Difficile de résumer une randonnée dans un territoire aussi riche en diversité, où pratiquement chaque jour il fallait changer de langue, de monnaie et s'émerveiller de voir une si grande variété dans les paysages.
Les points d'orgue de cette aventure restent sans aucun doute la Macédoine et l'Albanie, dont le potentiel touristique est largement sous-exploité, mais peut-être vaut-il mieux pour le préserver ?
Le Monténégro vaut aussi clairement le détour, et comme d'habitude les Alpes autrichiennes réservent toujours leur lot d'enchantement à ceux qui se donnent la peine d'aller leur rendre visite.
Les vastes plaines plates du Nord de la Serbie.
Les villes de Belgrade et Thessalonique : saturées de pollution et de véhicules.
La Macédoine : sa capitale et le pays dans sa totalité.
Le Monténégro et l'Albanie (si l'on fait abstraction de l'état de certaines routes).